Les opossums de Saint-Bruno (la suite): entrevue avec Mila Roy du MFFP
L’article sur la présence d’opossums sur le territoire de la municipalité de Saint-Bruno-de-Montarville suscite beaucoup d’intérêt. Or au moment de sa rédaction, le journal avait sollicité une entrevue sous forme de questions réponses auprès d’un biologiste du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Une semaine plus tard, c’est Mme Mila Roy, coordonnatrice aux communications régionales, qui a répondu à notre demande. Puisque l’article était déjà finalisé, nous avons choisi de ne pas intégrer ses réponses à l’article en cours et de plutôt opter pour une publication séparée.
Y a-t-il un inventaire sur le nombre d’opossums présents en Montérégie?

Bien qu’aucun inventaire n’ait visé à déterminer le nombre d’opossums en Montérégie, les opérations de suivi de la couverture vaccinale de la rage du raton en Montérégie entre les années 2012 et 2017 ont permis de mieux connaitre l’évolution de son abondance. Par exemple, une augmentation importante du nombre d’opossums avait été notée en 2017, principalement dans le secteur de la baie Missisquoi.
L’opossum fait partie des animaux à déclaration obligatoire. Les déclarations permettent au Ministère de mieux documenter l’évolution de l’aire de répartition de l’espèce. Il faut toutefois savoir que cette obligation vise uniquement un opossum blessé ou mort. Le portrait n’est donc que partiel puisque les animaux vivants en liberté aperçus par les citoyens ne sont pas visés par une obligation de déclaration. Pour déclarer un animal à déclaration obligatoire blessé ou mort à un agent de protection de la faune, il faut communiquer avec S.O.S. Braconnage du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en composant le 1-800-463-2191 ou en écrivant à centralesos@mffp.gouv.qc.ca.
À quoi attribuez-vous cette augmentation du nombre d’opossums, un marsupial qui était presque absent de la Montérégie avant les années 2000?
L’opossum d’Amérique (de Virginie) est une espèce en provenance du sud qui est au Québec à la limite nord de son aire de répartition. Des observations d’individus provenant du sud qui auraient voyagé sur de longues distances dans des chargements ont été occasionnellement rapportées. Autrement, les changements climatiques et les hivers moins rigoureux des dernières années auraient également favorisé son établissement au Québec.
Malgré qu’il semble maintenant plutôt bien établi dans certains secteurs de la Montérégie, il demeure peu adapté aux grands froids. Un hiver doux peut favoriser sa survie et la dispersion des individus sur le territoire. Un hiver très rigoureux peut être fatal à une population.

Puisque les changements climatiques en cours semblent favoriser l’élargissement de son aire de répartition et que son habitat est très varié, peut-il prendre la place de d’autres espèces indigènes, je pense entre autres au raton laveur?
L’élargissement vers le nord de l’aire de répartition de plusieurs espèces, favorisé par le climat plus clément, est bien connu comme réponse aux changements climatiques. L’opossum en est un bon exemple. Tant l’opossum que le raton laveur sont des omnivores opportunistes qui s’adaptent bien à plusieurs types d’habitats, notamment le milieu urbain.
Les interactions entre l’opossum et les autres espèces de faunes comme le raton laveur sont peu connues. Sa présence amène certainement une nouvelle compétition avec les espèces indigènes notamment pour l’habitat et la nourriture. Toutefois rien n’indique pour le moment qu’il pourrait prendre la place de certaines espèces indigènes. Il demeure possible de croire que le raton laveur compétitionne mieux dans un secteur où les deux espèces sont présentes vu sa plus grande taille et ses meilleures adaptations à un climat rigoureux.
Peut-on craindre des zoonoses provenant de cet animal?
Au même titre que les autres mammifères, les opossums sont aussi susceptibles de contracter des maladies, dont la rage, mais le risque est très faible et ils en sont rarement infectés. Aucun cas d’opossum porteur du virus de la rage n’est documenté au Québec. À noter qu’il peut également être affecté par la maladie de Lyme et la transmettre.
À ce sujet, il est important d’éviter tout contact avec les animaux sauvages et de signaler tout animal présentant un état ou un comportement anormal. En cas de morsure par un animal sauvage, vous devez contacter Info-Santé. Si votre animal de compagnie a été mordu par un animal sauvage, vous devez vous adresser à votre vétérinaire qui pourra le prendre en charge.

Ce marsupial a une nourriture diversifiée. En Montérégie il y a-t-il des aliments qui l’attirent particulièrement?
Tout comme le raton laveur, son régime alimentaire omnivore et opportuniste est assez diversifié. Tant en Montérégie qu’ailleurs, il aura tendance à sélectionner la nourriture la plus abondante qu’il trouve sur sa route. Il peut se nourrir d’insectes, de petits mammifères, d’œufs d’oiseaux, de grenouilles, de salamandres, de graines, de fruits et de divers végétaux. Il peut également consommer les restes d’animaux morts. Il peut aussi consommer des tiques si elles sont abondantes, mais ne les ciblera pas nécessairement plus qu’une autre source alimentaire. L’opossum est parfois aperçu en train de manger des graines tombées au sol sous les mangeoires d’oiseaux près des maisons.
On le retrouve dans des environnements variés, mais lesquels correspondent le plus à son milieu naturel (idéal)?
L’opossum préfère naturellement les boisés humides à proximité des cours d’eau. Toutefois, il n’est pas très sélectif pour ce qui est de son habitat et il s’accommode de milieux diversifiés, que ce soit en campagne ou en ville, dans la mesure où il a accès à une source d’eau et une quantité de nourriture suffisante. Il utilise, entre autres, des terriers abandonnés, des amas de branches ou de pierres, ainsi que les espaces sous les bâtiments pour faire son nid.
L’opossum a quelques fois été aperçu avec ses petits dans des granges où on entrepose du foin ou de la paille dans lesquels il pouvait se protéger du froid efficacement. Il est plutôt lent et maladroit lors de ses déplacements au sol, mais ses pouces opposables et sa queue préhensile en font un excellent grimpeur. Contrairement à la croyance populaire, seuls les jeunes peuvent se suspendre la tête en bas, les adultes étant trop lourds pour faire de même. Il est également un bon nageur et peut même plonger sous l’eau en cas de danger.
L’opossum d’Amérique, qui a la taille d’un chat, peut-il s’attaquer à des poules et à des animaux domestiques?
Il peut occasionnellement s’attaquer aux petits animaux domestiques les plus vulnérables comme les poules s’il a un accès facile à un poulailler, mais il privilégie des proies plus petites qu’il peut consommer en une seule fois. Les opossums peuvent également manger les œufs de poules domestiques. Il demeure de notre responsabilité de garder nos animaux en sécurité.
L’opossum n’est pas un animal dangereux. Toutefois, comme tout animal sauvage, il est important de ne pas tenter de l’approcher ni de le nourrir afin d’éviter le développement d’un comportement agressif de l’animal envers l’humain. Lorsque l’animal se sent menacé, il peut pousser des cris ou des grognements tout en montrant les dents. Il peut également sécréter un liquide malodorant et feindre la mort en restant immobile, couché sur le côté, la bouche ouverte en cas de danger grave. Il ne faut surtout pas le toucher à ce moment pour éviter les risques de morsures. Lorsque le danger est passé, il reprend conscience et s’enfuit.

Autre chose que vous voudriez ajouter concernant cet animal?
Les opossums sont souvent rapportés par les gens qui nourrissent les animaux près des résidences. Bien que la cohabitation avec l’opossum soit possible, sa présence près des habitations ne doit pas être encouragée. Il est recommandé d’effaroucher les individus trop familiers pour entretenir leur méfiance face à l’humain. Un des meilleurs moyens de les éloigner des maisons est simplement d’éviter de les nourrir directement et de rendre non accessibles toutes sources alimentaires telles que les sacs poubelles, les restes de table mis au compostage, la nourriture pour animaux domestiques servie à l’extérieur et la nourriture pour les oiseaux tombée au sol sous les mangeoires. Il est également recommandé d’empêcher l’accès aux endroits où ils pourraient se réfugier ou nicher (ex. : sous un amas de bois ou de pierres, sous un balcon, sous une remise, etc.).
Alain Dubois
Le Montarvillois, le journal hyperlocal de Saint-Bruno-de-Montarville
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