Moi. Moi. Moi. Moi aussi.
L’autre jour, j’ai fait ça, moi aussi.
Tu m’expliques, je t’explique… quel vacarme.
Mais voyons, du calme, y’a pas d’drame.
Ça n’a pas de bon sens. Mais moi, j’y pense.
Pendant que tu parles… je prépare ma réponse.
Avez-vous vraiment écouté ?
Savez-vous écouter ?
Est-ce que vous écoutez attentivement ou juste pour répondre ?
En tout cas : moi, je pensais savoir écouter.
Surtout après m’être formé à l’écoute active, dans l’espoir de devenir gestionnaire.
Je me disais : je vais apporter de la valeur dans les discussions,
mieux comprendre les autres,
avoir plus d’impact,
montrer que je suis prêt.
Les bons gestionnaires réussissent tout ça.
Pourquoi pas moi ?
Mais au fond… est-ce que j’étais vraiment prêt ?
Pas sûr.
Mais c’est quoi, cette écoute active ?
En bref, c’est une technique de communication :
écouter l’autre, lui montrer de l’empathie, reformuler ses propos.
Utile. Très utile, même.
Mais ce n’est pas de ça que je veux parler.
Je veux parler d’écoute attentive.
C’est une coche au-dessus.
C’est ce que tu fais quand tu écoutes un discours de François Legault.
Non, pas vrai. C’est une blague.
Parfois je fais des blagues plates.
Pour Krishnamurti, écouter,
c’est être totalement attentif.
Donner toute son attention à ce qui est dit.
Sans chercher à interpréter.
Sans préparer de réponse.
Sans se protéger.
(Le concept de se protéger, c’est important —
ça a rapport avec l’ego et tout ça. Une autre fois, promis.)
C’est être pleinement présent,
sans jugement,
sans distraction.
Une observation silencieuse.
Autrement dit :
quand tu écoutes… commence par la fermer.
Chut.
Ta gueule.
Dis rien. Respire un peu.
Retiens le feu.
Laisse-le dire.
Toi, tais-toi. C’est mieux.
Ne parle pas.
Ne pense pas à autre chose.
Écoute en silence.
Silence intérieur. Silence extérieur.
Perso, je trouve ça très difficile.
Quelqu’un te parle et tu veux participer.
Montrer que tu comprends.
Apporter un point.
Critiquer.
Une question à la fin, peut-être.
Pourquoi pas.
Mais d’abord : reste là. Écoute.
Et puis parfois,
ils parlent longtemps… très longtemps.
Ça devient long, c’est pas joyeux.
Mais cet ennui… il parle un peu.
Il t’en apprend beaucoup sur toi-même,
bien plus que sur l’interlocuteur ennuyeux.
À condition d’écouter… sans jugement.
Bon, on va pas se mentir :
personne ne nous force à écouter attentivement
le beau-frère saoul toute la soirée.
On peut toujours trouver une excuse pour s’éclipser.
Mais revenons à nos moutons.
Avant d’aller trop loin
dans des concepts que je ne maîtrise pas moi-même,
commençons simple :
la fermer, et écouter.
C’est déjà beaucoup.
Voyons ce que ça ouvre en nous.
Voyons comment ça transforme
notre compréhension du monde
et des gens qu’on aime.
Voyons même comment ça peut
nous faire tolérer — voire apprécier —
des gens qui ne sont pas comme nous.
Et si on faisait juste ça :
écouter l’autre sans tralala,
notre monde…
ne serait-il pas plus droit ?
Plus humain, plus chaud… pourquoi pas ?